Historique

Remerciements

À Hervé Perton pour son travail de recherche et pour avoir autorisé la publication du recueil “Si Montrond m’était conté…” sur ce site internet. Ce recueil a été rédigé en novembre 2002 suite aux recherches entreprises entre 1990 et 1993 auprès de villageois et aux Archives Départementales du Doubs. L’édition originale est consultable en mairie.

À Pascale Pretet pour son aide précieuse.

À tous les villageois qui par leurs témoignages, ont participé à l’enrichissement de la mémoire collective.

L’occupation du site de Montrond-le-Château est ancienne comme l’attestent différentes découvertes sur le territoire de la commune. La première mention de Montrond date de 1154, dans un acte de partage des terres de Pierre III de Scey avec son fils Richard, dit de Montbéliard. Vers 1276, Richard de Montfaucon-Montbéliard, seigneur de Courchaton, hérite du domaine.

En 1406, Guillaume de Vienne devient seigneur du fief de Montrond, qui comprend alors, Mérey, Villers, Tarcenay, Epeugney, Malbrans, Maizières, Scey-en-Varais, Cademène, Rurey, Lizine ainsi que quelques terres à Orchamps-Vennes et Fuans.

En 1446, Montrond est vendu à Thibaud IX de Neuchâtel, Maréchal de Bourgogne.

En 1505, la forteresse est remise à Guillaume de Furstemberg, mari de Bonne de Neuchâtel, puis en 1605, la seigneurie est acquise par Thomas de Jouffroy, seigneur de Marchaux.

Au 17ème siècle, elle est démembrée entre divers propriétaires.

Si Montrond m’était conté …

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LA VIE POLITIQUE, JUDICIAIRE ET MILITAIRE

I – Les sires de Montrond

Il convient de savoir que durant tout le bas Moyen-Âge et même après, le territoire de Montrond appartenait au Saint Empire Romain Germanique et n’était donc pas une possession française.

La châtellenie de Montrond se forma sans doute au XIIe voire XIe siècle, suite à un démembrement de la puissante seigneurie de Scey alors existante.

Les premiers seigneurs de Montrond apparaissent dans un acte de 1154, aujourd’hui disparu, qui rappelait le partage des terres de Montrond entre Pierre III de Scey et son fils Richard dit de Montbéliard. Pierre eu entre autres les terres de Maillot et Scey et Richard eut Montrond, Fertans et Cléron.

En 1231, Amédée de Neufchâtel, décide de faire fortifier la butte de Montrond (cf. § 2 « le château féodal »).

En 1276, Richard de Montfaucon-Montbéliard, seigneur de Courchaton, frère d’Amédée et époux d’Isabelle de Montfort, hérite de Montrond dans des conditions mal connues.

Son fils puîné (né après l’aîné Thierry, décédé) Simon de Montfort, devient seigneur de Montrond. Il épouse Catherine de Montluel, veuve de Jean, seigneur de Cuisseaux. Il meurt sans postérité et est inhumé à l’abbaye de Buillon.

Son neveu Richard, seigneur de Montfort et d’Antigny, époux de Marguerite de Thourotte, reprend Montrond en fief d’Hugues de Bourgogne en 1307.

Sa fille Jeanne, épouse Miles de Noyers, maréchal de France. Celui-ci et son fils Jean échangent Montrond, Châtel Maillot, Courchaton et Montfort en 1338 contre le comté de Joigny que reçut Simon de Sainte-Croix, archidiacre de Mâcon. Il transmet ses terres à son neveu Guillaume, époux de Marguerite de Montbéliard.

Jeanne de Sainte-Croix, fille cadette de Guillaume, épouse Henri de Vienne-Mirebel, se qualifiait de dame de Montrond.

Elle teste en 1363 en faveur de son neveu Hugues de Vienne Saint-Georges.

Ce dernier lègue ses biens en 1390 à son frère consanguin Guillaume de Vienne qui reçoit le dénombrement de Perrin de Vaites en 1406. La seigneurie de Montrond est alors très étendue et comprend, Mérey, Villers, Tarcenay, Malbrans, Maisières, Scey-en-Varais, Cademène, Rurey, Lizine ainsi que des terres à Orchamps-Vennes et Fuans.

La maison de Vienne engage puis vend Montrond dès 1446 à Thibaud IX de Neufchâtel, maréchal de Bourgogne.

Son fils cède la seigneurie à son frère Guillaume en 1480.

Guillaume de Neufchâtel, dernier de sa branche meurt en 1505. Alors, Antoine bâtard de Neufchâtel, s’empare de Montrond et remet la forteresse à Guillaume de Furstemberg, marie de Bonne de Neufchâtel.

L’empereur Ferdinand cédera plus tard les biens des Neufchâtel au comte d’Ortembourf, seigneur de Morymont et de Fondremand.

Ce dernier est autorisé à engager Montrond qu’il vend en 1601 à Ferdinand de Rye, archevêque de Besançon, comte de Poitiers Neufchâtel pour la somme de 64 000 F.

Quatre ans plus tard, en 1605, la seigneurie est acquise par Thomas de Jouffroy, seigneur de Marchaux. Cette acquisition de Montrond devrait être que partielle car en 1607, Ferdinand de Longwy, archevêque, fait effectuer le dénombrement de la seigneurie.

Le 2 janvier 1750, Guy Michel de Dufort de Lorges, duc de Randans, lieutenant général au comté de Bourgogne, et son épouse la duchesse Elisabeth-Philippine de Poitiers, dernière héritière des familles de Rye, Longwy, Varambon et Neufchâtel, vendent la seigneurie.

De nouveaux propriétaires apparaissent alors : Messire Claude-Philibert de Mouret, seigneur de Montrond, Châtillon et Trévillers, à qui le Roi avait accordé le droit de retrait féodal en 1751 et avait érigé Montrond en comté en 1767 au profit de Denis-Ignace Mouret. Messire Denis-Ignace Mouret seigneur de Châtillon-sur-Lizine, président au parlement de Besançon, eut pour 151 000 livres, Montrond avec les granges de Cery, la Vaivre, le pré Vauvougier, les villages d’Epeugney, Rurey, Cademène et le moulin d’Ecoutot sur Scey. Messire Claude-François de Renouard, comte de Fleury-Villayer, seigneur de Fertans, eut pour 80 000 livres, Scey, Malbrans et Maisières. Jean-Léonard Jacquot, substitut au parlement de Franche-Comté, eut pour 25 500 livres, Mérey et le droit conjoint de chasse sur Cery avec Messive Mouret de Châtillon. Messive Dagobert de Mutigney, seigneur de Montigney et de Vainans, président au parlement de Besançon, eut pour 14 500 livres Villers avec des fonds épars sur Tarcenay. Marie de Crevans de Hunières, veuve de Messive de Gand de Mérode de Montmorency, prince d’Insenghien, perçoit des droits au nom de ses enfants ; le château ruiné lui appartient ainsi que les droit de haute, moyenne et basse justice.
La période révolutionnaire, à Montrond comme ailleurs, éradique près de mille ans de féodalisme et supprime la condition seigneuriale et les privilèges qui y étaient liés.

II – Le château féodal

Amédée de Neufchâtel, seigneur de Montrond, décide de faire fortifier la butte du village en 1231 avec l’aide de Pierre V de Scey, cité comme co-bâtisseur.

Le choix du lieu de l’édification fut judicieux. Assis sur une éminence plate de forme ovale, dominant d’environ 90 mètres la plaine qui l’entoure, le château fut idéalement placé pour dominer la seigneurie de part et d’autre.

Il y a fort à parier que l’endroit choisi fut déjà fortifié avant cette date par une tour en bois ou par une autre fortification primitive comme cela était fréquent aux XIe et XIIe siècles, car la seigneurie existait déjà depuis près d’un siècle.

On ignore le temps qu’il a fallu aux hommes pour édifier cette orgueilleux monument mais l’on sait que malgré les travaux entrepris, l’archevêque Nicolas, de l’Eglise Saint-Etienne de Besançon, exigea l’interruption du chantier car le terrain en cause appartenait en partie aux chanoines du chapitre. Cependant, Amédée de Neufchâtel rend hommage au doyen de Saint-Etienne en 1233 et Pierre de Scey signe une carte de donation en faveur de cette église en mentionnant ce qu’il lui doit pour la part qu’il possède du château.

On prétend que le château, une fois achevé, était visible à 3 à 4 lieues à la ronde (soit 12 à 15 km).

Un terrier mentionne que la fortification comprenait « le chasteau et la maison forte dudit Montron, ensemble et vergier et ce qu’est enclos dans les murailles d’icelluy (…) » Des vignes furent plantées par la suite sur les coteaux du mont.

En 1356, le 18 octobre exactement, les écrits mentionnent qu’un tremblement de terre a provoqué l’effondrement d’une tour du château alors que l’épicentre se trouvait à Bâle ! Par contre, on ne sait pas si des maisons furent détruites et s’il y eut des victimes.

En 1492, l’archiduc Maximilien d’Autriche, gendre de Charles le Téméraire, époux de Marie de Bourgogne et empereur de Germanie de 1493 à 1519, fut invité à célébrer les fêtes de Noël au château. On ignore la raison de la venu de cet illustre personnage mais l’on sait qu’il amena avec lui 8000 hommes ( !), qu’il séjourna à Besançon le 21 décembre, passa les fêtes de la Nativité à Montrond, pour ensuite repartir sur Vercel et Saint Hippolyte.

La vaste et colossale demeure seigneuriale, qui dut atteindre son apogée architecturale et militaire à cette époque, fut détruite moins de deux cents ans après, lorsque la Franche-Comté fut annexée par la France. Louis XIV, profita de la décadence de l’Espagne pour engager une guerre qu’il remporta contre la province. Il fit abattre les murs de ce qui restait des 19 châteaux de la vallée de la Loue, exception faite du manoir de Cléron. Le castel de Montrond fut assiégé et démantelé en mai 1674.

Celui-ci ne fut jamais reconstruit mais dut encore être habité un certain temps.

En 1743, il y avait encore au château un fermier dénommé Pellot. On rapporte qu’il restait des endroits couverts de lauze à la fin du XIXe siècle.

Au début du siècle, on pouvait encore admirer « la grosse tour », haute d’environ 10 mètres (voir cartes postales anciennes). Caduque de vétusté, elle s’effondra durant une nuit de février 1935 et on dut par la suite en abattre les restes encore menaçants.

Le centre du château, qui devait être à l’origine une cour, a disparu avec les siècles. Jadis transformé en prairies il fut planté de conifères au début des années 70.

Aujourd’hui, le château est en cours de consolidation et de nettoyage, ce qui permet de sauvegarder les murs encore en état et de permettre un accès facilité. Le chemin d’accès est goudronné et on peut gravir le mont à pied en ¼ d’heure environ.

Les vestiges restants, victimes d’un abandon séculaire, sont bien maigres cependant pour le visiteur épris d’histoire.

En faisant le tour de ce qui fut le mur d’enceinte, on aperçoit une salle voûtée dont l’ouverture est à demi engloutie par les pierres. Il reste des murailles partiellement détruites sur tout le pourtour du château, jalonnées de portions de tours d’angle, essentiellement du côté levant. Là, on peut admirer quelques pans de murs percées de fenêtres, sans doute du XVIe siècle, et qui devaient être les restes du logis seigneurial, ainsi qu’une tour où l’on peut accéder par une poterne donnant accès à un conduit vertical.

L’étang situé au bas du mont et couramment appelé « la digue » n’existait pas au moyen âge mais le terrain devait déjà être bien marécageux car les manants de Montrond étaient tenus de battre les marais environnants afin d’empêcher les grenouilles de coasser !

On ignore si un puits avait été foré dans l’enceinte du château, bien que cela paraisse fort improbable du fait de la géologie des lieux, mais on sait que le castel voisin de Scey était équipé d’un système de chéneaux en pierres chargés de la collecte des eaux de pluie qui étaient ensuite stockées dans des salles citernes. C’est ce système d’alimentation qu’avait sans doute dut retenir les bâtisseurs du XIIIe siècle qui permettait l’autonomie en eau du fort.

Des textes du XIXe siècle rapportent également la présence de souterrains. Cette hypothèse, propagée dans bien des lieux historiques anciens et propre à la pensée romantique de cette époque, paraît fantaisiste pour plusieurs raisons : la géologie marneuse de la butte de Montrond ne permet pas un creusement stable et durable avec les moyens techniques médiévaux. On n’a jamais retrouvé de traces en surface susceptibles de nous indiquer une entrée ou une sortie potentielle. Et enfin, l’importance du terrassement d’un tel réseau souterrain ne faisait pas partie des projets des architectes, trop occupés à fortifier « le dessus » avant toute autre chose.
Mais loin de moi l’idée de ne pas laisser une place au mystère et à l’imagination…

III – La justice de l’ancien régime

Les seigneurs de Montrond disposèrent pendant tout l’ancien régime de droits considérables sur leurs terres, tant sur le plan politique et militaire que sur le plan économique et spirituel.

Voici quelques uns de ces droits : Droit de lever et d’imposer des taxes et de percevoir l’impôt selon les besoins du seigneur. Droit de corvée sur ses sujets : Il est dit que les manants de Montrond et de Mérey « étaient tenus et subiects de descomber annuellement trois pièces de prel » qu’ils devaient « le faulcher et fener par chascung an et conduire et charroyer le foing au dict chasteau quand il plait au seigneur » moyennant quoi ils avaient droit de parcours après les récoltes des premiers fruits. Ils étaient également tenus de battre les marais environnants, de faire guet, d’assurer une garde au château et d’apparaître en revue en cas de conflit militaire. Un jugement de 1464 leur rappelle ce devoir militaire et les condamne à l’exécuter. Droit de haute, moyenne et basse justice ou l’un de ces pouvoirs seulement selon les périodes et les villages. La haute justice connaissait les crimes, la moyenne les affaires civiles et la basse les vols, délits et menus larcins. En 1292, les abbés de Saint Paul de Besançon autorisent les sires de Montrond à exercer la haute, moyenne et basse justice sur les terres de Mérey, Villers, Epeugney et Malbrans. On sait que du XVe et XVIIe siècle, les seigneurs de Montrond exerçaient aussi la haute justice sur les habitants de Rurey. Droit de propriété des forêts, du gibier, des essaims sauvages, des îles et alluvions. Droit d’arrèglement et d’usurpation des communaux. Droit de mesure entraînant des amendes aux fraudeurs.
En matière de justice, il y eut un temps où les jugements étaient définitifs, sauf exceptions.

Dans les derniers siècles de l’ancien régime, la justice était très respectée. En 1751, elle conservait le droit d’élever des fourches patibulaires (potences d’exécution) qui se plaçaient entre le chemin de Villers à Malbrans et celui de Mérey à Tarcenay. Une exécution eut encore lieu au XVIIIe siècle.

Le seigneur avait pour officiers de justice : le haillé au châtelain et son substitut le procureur fiscal le greffier
Les procès avaient lieu alternativement dans chacun des villages de la seigneurie pendant un an. En 1452, le tribunal siégeait à Mérey. Les audiences avaient ordinairement lieu en plein air sauf en cas d’intempérie.

En 1632, les officiers de Montrond se chargent de l’enquête d’un assassinat commis près des grands près.

Durant la période révolutionnaire, il est rapporté que les officiers municipaux de Montrond multiplièrent les contrôles routiers et arrêtèrent des prêtres réfractaires et des religieux en infraction avec les lois.

Montrond forme une garde nationale qui participe en 1831, aux manifestations Bisontines organisées lors de la venue du Roi Louis-Philippe. Cette unité comportait 26 gardes.

LA VIE DES HABITANTS

I – La période antique (Ier / Ve siècles)

La présence humaine est attestée à Montrond depuis au moins 2000 ans et le plateau semble avoir été habité depuis les temps les plus reculés.

Proche de la cité Gallo-romaine de Vesontio (actuellement Besançon, ex-capitale de la Séquanie), Montrond était déjà parcouru par le peuple Romain puisqu’on a trouvé en 1840, une porterie datant de l’an 182 ou 183.

La découverte de tombeaux mérovingiens (toujours visibles au village mais transformés en auge à bétail) et de boucles de ceinturons de la même époque (musée des Beaux Arts de Besançon) confirme la présence d’une civilisation antique sur le territoire.

Un fragment de vase du haut moyen âge (Ve – Vie siècles) a également été mis à jour.

Toutefois, il faudra attendre le XIe siècle pour voir apparaître Montrond dans les écrits, sans que l’on sache grand-chose de la vie des habitants sur le plateau avant cette date.

II – L’ancien régime (VIe / XVIIIe siècles)

Les habitants de Montrond ont toujours vécu des produits de la forêt, sans doute plus importante au moyen âge, et de ceux procurés par la terre même.

Au bas moyen âge (Xe / XVe siècles), les paysans cultivaient du blé, du froment, de l’orge, rarement de l’avoine. On semait aussi du millet, qui avant l’introduction en France de la pomme de terre, servait pour le repas du matin.

Les manants de Montrond payaient de multiples taxes et en particulier les cens (loyer de la terre), versé à la Saint Martin d’hiver (11 novembre) et à la Saint André (30 novembre) dans la cour du château. Souvent acquittées en nature, les redevances étaient aussi payables en espèces (1 livre = 20 sous = 240 deniers) En guise de présent, les habitants devaient offrir des fouaces (galettes) au seigneur le lendemain de Noël. Les autres impôts étaient prélevés à Pâques, à la Saint Etienne d’août (le 3) et à Notre Dame de septembre (le 8). Les achats immobiliers quant à eux, se réglaient parfois en florins.

Le commerce était sans doute un intérêt non négligeable car un grand chemin traverse alors la seigneurie et passe par Montrond. Il s’agit de la voie de Cery, bien visible sur les cartes du XVIIe siècle, qui relie alors Besançon à la Suisse en passant par Cléron. Ce chemine existe toujours ; il part des prés de « La verte montagne » jusqu’au faubourg où il est à cet endroit caillouteux, puis reprend la route goudronnée à partir du gros chêne pour continuer sur la route de Malbrans qui en est un vestige partiel jusqu’aux grottes des Cavottes où elle bifurque sur le Mont de Mau et part sur le village de Cléron, sans passer par Malbrans. Le castel de Cléron a d’ailleurs servi de protection aux voyageurs qui empruntaient ce grand chemin et qui devaient alors traverser la Loue à gué. Cette voie fut la route principale d’accès au village durant des siècles et tout porte à croire que cette situation dut entretenir à Montrond des auberges.

Au XIVe siècle, Montrond connut les fléaux de son temps mais aussi d’autres calamités qui lui étaient propres.

En 1349, la population subit une épidémie de peste noire qui anéantit 55 % des habitants.

En 1350, un tiers de la population est encore touchée.

Six ans plus tard, c’est un séisme qui détruit une tour du château sans que l’on sache si cette destruction ait engendrée des victimes (cf. partie II § 2 « le château féodal »).

En 1417, Jean, fils de feu Jeanguillaume, et de demoiselle Jeannette de Vautravers, manant de Montrond, voulait reprendre en fief du seigneur les terres que sa mère lui avait laissées en héritage. Guillaume de Vienne, seigneur de Montrond, s’y refusa « attendu que ledit Jeanguillaume, son père n’était pas noble, » et que par conséquent un fils ne pouvait l’être et qu’il n’était pas « habile à posséder fief ». Toutefois, le châtelain abandonna les deux tiers des terres contestées par Jeanguillaume parce que « ledit Jeanguillaume avait huit enfants mâles et trois filles, et que, suivant la volonté de Dieu, il pourroit, dans la suite, en avoir plusieurs, tous lesquels seroient et demeureroient hommes et sujets dudit seigneur de Montrond ».

En 1514, les écrits font état d’un meix (terrain) et maisons entre Antoine de Leugney et Huguenin Lidoine.

Une autorisation de construire un four à la corne de la Vaivre est accordée à de Cazenay en 1575.

La période du XVIIe siècle fut une recrudescence du malheur et de détresse.

Durant la guerre de dix ans, Montrond subit l’invasion et l’épidémie. Les troupes de Suédois du duc de Saxe-Weimar, à la solde de Louis XIII, ravagèrent la région.

Au début de l’année 1637, la cavalerie de Messire de Thoraise et sa majesté de Lorraine doivent être hébergées. La même année, la presque totalité du village est incendiée ainsi que les bestiaux, brûlés vifs sans que les villageois puissent intervenir. Pendant un certain temps, des hordes dévastatrices répandirent la terreur et l’effroi et les habitants durent se réfugier dans des grottes ou dans la forêt, inconnues de l’ennemi. Les privations en tous genres, l’habitation en plein air, le défaut de soin dans les inhumations et l’absence forcée d’hygiène firent réapparaître la terrible peste bubonique. Les malades étaient isolés loin des villages du côté de Villers. On rapporte qu’un dénommé Rabolin dit Guly, se dévoua généreusement au service des pestiférés et se cloîtra auprès d’eux. Il ne fut pas atteint du mal et lorsqu’il revint à Villers, les villageois éberlués, lui cédèrent une portion de communal.

A la suite de ces évènements, on constate une effroyable dépopulation. Les villageois de Montrond estimés à 29 feux en 1614, retombent à 18 feux en 1657, un feu étant un foyer où vivaient ensemble des personnes sous le même toit.

En 1661, la faible importance des pâturages oblige les habitants de Montrond à formuler un accord avec des habitants d’Epeugney pour le partage des communaux avec un droit de parcours sur le domaine « au chalet » situé sur les communes d’Arguel, Chenecey, Epeugney et Pugey.

A cette époque, la Franche-Comté est sous l’emprise Espagnole et le roi Louis XIV, profitant de la décadence de l’Espagne engagea la guerre de Dévolution en 1667-1668. En deux semaines, la Franche-Comté fut conquise puis rendue aux Espagnols pour être une seconde fois reprise en 1678 lors de la guerre de Hollande. En mai 1674, le village de Montrond fut assiégé et le château détruit.

Des notaires sont attestés au village en 1683.

En 1692, les habitants sont affranchis du droit de banalité au four seigneurial, sis près de la fontaine, où ils avaient obligation d’y cuire leur pain ; ils sont également autorisés à posséder un four dans leur propre demeure.

La banalité du moulin par contre, continue de peser sur les habitants au moins jusqu’après 1750. Ce moulin dit « de l’Escoutot » n’était pas implanté sur le territoire de Montrond mais en bordure de Loue sur les limites de Scey et de Cademène où il est cité dès 1566.

Le bétail élevé au village, semble peu important ; on recense, en 1688, 81 bêtes à cornes, 75 bêtes à laine, 30 chevaux, 20 porcs et 2 chèvres.

A cette date, on relève 20 maisons au village. Il y en aura le double en 1800.

En décembre 1704, un incendie ravage 5 ménages.

L’ermine de blé (env. 30 kg) se vend 2 fr. en 1708 et un agneau coûte 1 livre.

En 1768, la cour des comptes de Dôle autorise l’arpentage général des terres.

Le recensement de 1773 reflète un développement de l’élevage composé de 54 chevaux, 335 bovins et 146 ovins. Vingt charrues sont disponibles et ont permis la récolte de 2 muids de vin (env. 550 litres), provenant de 3 arpents de vigne, 1750 boisseaux de froment (env. 220 quintaux), 2000 d’avoine (250 quintaux), 350 d’orge (44 quintaux) et 300 de menus grains (37 quintaux).

Durant la période révolutionnaire, (1789 / 1799), il est procédé au partage du domaine du « Rocheret ».

III – La période moderne (XIXe / XXe siècles)

Montrond est désormais devenu une commune et ne subit plus la domination d’un seigneur.
On signale qu’en 1818, une fièvre gastro-adynamique contamina 64 personnes ; cette affection provenait soit disant des eaux du puits.

On établit les premiers plans cadastraux en 1825 ; le territoire communal comprend alors 1092 hectares dont 462 en forêt. Deux fontaines sont construites respectivement en 1827 et 1846.

Au cours de ce siècle, plusieurs incendies viennent perturber la quiétude du village et notamment en 1829 où 4 maisons sont détruites. En 1850, la commune acquiert une pompe à bras et l’année suivante, constitue un corps de 28 pompiers volontaires.

Deux feux de forêt cités en 1864 et 1880 dévastèrent respectivement 3 et 5 hectares de bois.

Une nouvelle pompe à bras, plus moderne que la précédente est achetée par la commune en 1899.

La croissance de l’élevage bovin nécessite la construction d’une fromagerie. En 1841, elle traite 110.000 litres de lait et produit 10 tonnes de comté. Il semble qu’en 1843, la fruitière ait été aménagée à un autre endroit suite à son expansion ou par cause de vétusté. En 1856, c’est 15 tonnes de fromage qui sortent des locaux et 58 propriétaires sont associés dans son exploitations.
Elle devient propriété communale de 1870 à 1978 et fera l’objet d’un bail avec la société de fromagerie.

Il semble que ce soit vers le milieu et la fin du XIXe siècle que Montrond atteint son apogée économique et démographique. Le patrimoine immobilier comprend en 1848, 70 immeubles dont la moitié construits en pierres et couverts de tuiles ou de laves et l’autre moitié bâtis en bois et couverts de bois.

Montrond n’est pas une terre de vignoble car on ne recense que 3 hectares de vignes sur les coteaux du mont en 1850. En revanche, 303 hectares de terres sont labourés et 379 sont en prairies artificielles.

Le cheptel se compose en 1858 de 140 vaches, 120 bœufs, 4 taureaux et 85 veaux dont 80 têtes sont vendues chaque année aux Flamands ou sur le marché d’Ornans.

Les professions de carrier et de tailleur de pierres se développent fortement à cette époque. D’autres activités sont également citées : cantonnier, tisserand, aubergiste et cordonnier.

En janvier 1870, le dernier loup de la région est abattu sur les terres de Montrond.

La commune cherche à lutter contre la sécheresse et fait bâtir un réservoir au pied du mont en 1887, œuvre de l’architecte Garin.

La même année, une bascule de pesage est construite près de l’église. En 1853 puis en 1893, c’est l’école qui est aménagée.

Dans les premières années du XXe siècle, on recense toujours autant de vaches qu’en 1858 mais quasiment 2 fois moins de bœufs ; par contre on dénombre 150 porcs, 129 moutons 5 chèvres et 1 taureau.

En 1907, l’industriel Emile Laborie entreprend la construction d’une ligne de chemin de fer entre Besançon et Amathay Vesigneux. Cette voie ferrée qui dessert Montrond, est placée un peu à l’écart du centre du village. Une gare est construite et sert au chargement des marchandises et au transit des voyageurs.

Le service voyageurs est inauguré le 6 août 1910, le service marchandises un mois plus tard. A l’ouverture de la ligne, Montrond (situé quasiment au milieu du tracé) est à 1 h 10 de Besançon, à 1 heure d’Amancey et à 10 minutes d’Epeugney.

Jusqu’en septembre 1951, date de fermeture de la ligne, « le tacot » était le seul moyen de transport collectif assurant un service aller et retour quotidien vers Besançon. Il a servi bien des habitants désireux de se rendre dans les communes alentours, mais n’a pas pu résister au développement incessant du réseau routier et de l’automobile. Suivre son ancien tracé est toujours possible aujourd’hui bien qu’en certains endroits les vestiges de la voie ne soit guère carrossables.

En 1929, la fromagerie traite 6 fois plus de lait qu’au siècle dernier (+ de 680.000 litres) mais elle est déclarée vétuste et insalubre par les autorités académiques cas ses locaux jouxtent l’école.

D’autres activités sont connues : en 1921, on trouve deux restaurateurs cafetiers, un charron, un maréchal ferrant, puis en 1943, un cordonnier et un maçon.

Cette année-là, la commune rend hommage à ses soldats morts au combat, en érigeant un monument aux morts près de l’église.

La commune s’appelle « Montrond » jusqu’en 1923, date d’un décret qui rebaptise le village « Montrond-le-Château » (« Montrond-Saint-Georges » n’avait pas été retenu).

L’électrification de la commune se fait dès 1909 puis en 1924, 1930, 1952 et 1953. L’adduction d’eau de la Haute Loue est effective en 1962.

De nouveaux incendies se déclarent en 1903, 1956 et 1958. En 1979, une moto-pompe renforce le matériel de la section locale de pompiers.

Le Regroupement Pédagogique Intercommunal fut mis en place à la rentrée de septembre 1977 avec l’ouverture d’une classe maternelle à Merey et la création d’un transport des élèves à la suite d’une délibération prise par chaque commune concernée. Si la décision ne posa aucun problème au sein des conseils municipaux de Merey et Villers, elle fut adoptée dans un climat de tension par six voix contre cinq à Montrond où maire et 1er adjoint étaient hostiles à la création du RPI, refusant d’assister à l’inauguration organisée à Merey le premier samedi de janvier 1978.

Les 27 agriculteurs exploitants comptabilisés en 1980, se partagent les 667 hectares de terres comprenant 19 hectares de cultures fourragères, 100 hectares de céréales, et élèvent en prairies 224 vaches, 105 ovins et 2 porcins.

En 1985, la crise agricole et les départs à la retraite des exploitants réduisent leur nombre à 18, supprimant ainsi 9 cultivateurs en 5 ans.

Toujours en 1985, les services de proximité sont assurés par un médecin et un épicier cafetier. D’autres professions co-existent : un scieur de long, un plombier chauffagiste, un électricien, un transporteur, un récupérateur, un marchand forain et un luthier.

IV – Démographie, patronymie et toponymie

Démographie: Le nombre d’habitants sur Montrond est inconnu avant 1593, date du premier recensement officiel de la population du village.

Jusqu’au XVIIIe siècle, le nombre d’individus vivant sous le même toit est exprimé en « feux » ; il est donc difficile d’en donner une équivalence en individus.

Durant 4 siècles, 17 recensements furent établis. Une baisse spectaculaire de la population est enregistrée en 1657 et 1688 en raison des troubles historiques du moment. Le nombre de personnes n’a ensuite cessé d’augmenter sauf entre 1790 et 1826 et entre 1926 et 1975 où deux nouvelles baisses sont notées.

Détail des recensements :

1593 : 32 feux, 179 habitants
1614 : 29 feux
1657 : 18 feux, 120 habitants
1688 : 21 feux, 77 habitants
1735 : 32 feux
1790 : 340 habitants
1800 : 306 habitants, 56 ménages
1826 : 327 habitants
1851 : 379 habitants
1856 : 384 habitants
1876 : 340 habitants
1901 : 330 habitants
1926 : 334 habitants
1954 : 273 habitants
1975 : 279 habitants
1982 : 320 habitants
1991 : 392 habitants
1999 : 477 habitants
2004 : 552 habitants
2007 : 573 habitants

Pertes humaines subies au cours des deux dernières guerres mondiales :

1914 / 1918 : 16
1939 / 1945 : 4

Patronymie: Les patronymies ont évolué au cours des siècles. Il est nécessaire de savoir que jusqu’à la révolution, seuls les registres paroissiaux répertoriaient les naissances lors des baptêmes. De plus, les noms de familles héréditaires ne deviennent usuels qu’à la fin du moyen âge.

Relevé de noms issus de ces registres :

Cités en 1573 : Boissier – Carrey – Clauderiot – Colyot dit Varmban – De Longeville – Febvre dit Cadoz – Jeanguillaume – Lidoine – Liegon – Maréchal – Monnier – Prud’homme.

Cités en 1636 : Mariller ou Marilly – Merme.

Cités en 1750 : Bailly – Decreuse – Faivre – Gaillard – Guyon – Laithier – Tirode – Vernois.

Cités en 1768 : Besançon – Bourcheaux – Breton – Choulet – Daloz Deville – Dole – Duret – Gagneur – Gindre – Goy – Guignaud – Hugon – Jacquin – Louvot – Maîtrejean – Mouveaux – Pergaud – Paillard – Perrin – Plane.

Cités en 1857 : Aucant – Baudry – Bourgeois – Braise – Delcey – Druot – Girardier – Jeaningros – Maire – Maître – Perton – Petit – Piguet – Robelin – Roussel – Rousset – Sauget – Savary

Toponymie: « Montrond » s’est écrit différemment au cours des siècles :
Mons ratundus
Montron (1233 – 1294)
Montront (1480 – 1599)
Montrond (17e / 18e / 19e s.) Après avoir proposé la dénomination de Montrond-Saint-Georges, celle de

MONTROND LE CHÂTEAU est adoptée par un décret du 22 février 1923. Le nom de Montrond viendrait de la bute témoin, qui servit de support au château féodal.

LA VIE RELIGIEUSE

I – La chapelle primitive

Durant tout le moyen âge, la paroisse de Montrond ne fut jamais qu’une dépendance de la paroisse de Villers, quelque agréable qu’il en put être aux sires de Montrond d’avoir une église dans leur bourg. Il semble donc que Villers détenait la juridiction spirituelle et religieuse de toute la seigneurie.

Les fidèles de Montrond se rendaient à pied chaque dimanche jusqu’à l’église de Villers pour assister aux offices. Le parcours était pénible et peu commode ; il fallait traverser les bois, les prés marécageux et le voyage prenait près d’une heure.

Montrond dut pourtant tenir à avoir une chapelle indépendante de l’église mère pour que les malades et infirmes eussent la messe aux jours de dimanche et fêtes.

L’époque de la fondation d’une chapelle est imprécise. Il s’emblerait qu’en 1495, un accord fut passé entre le père Ryot et le village de Montrond, laissant ainsi supposer l’existence d’une chapelle.

Une lettre de Jacques Decreuse, curé natif de Villers, en fonction vers 1580, semblerait avoir permis l’édification d’une telle chapelle. Il se peut que ce dernier ait obtenu le soutien de Monseigneur Ferdinand de Rye, alors seigneur de Montrond, car celui-ci a permis la construction des églises de Malbrans et de Mérey.

Toutefois, celle-ci était relativement exiguë ; sa nef mesurait 27 pieds sur 18.75 (env. 9mètres sur 6) et le chœur mesurait 18 pieds sur 16 (env. 6 mètres sur 5).

Elle est dépourvue de fonds baptismaux, de confessionnaux, de chaire et de vase d’onction.

On suppose qu’elle existait avant 1573 mais elle n’est citée dans les écrits qu’en 1615 sous le nom de « chapelle Saint Georges ».

Durant la guerre de dix ans, l’église et la maison curiale furent incendiées, ce qui laisse croire que Montrond constituait une paroisse. Rien ne le confirme car en 1700, 4 villages dépendent de la paroisse de Villers.

Las de cette situation, les paroissiens demandent le démembrement.

En 1727, M. Roussel demande l’interdiction de l’accès à la chapelle parce que le chœur menace ruine et la voûte est ouverte en plusieurs endroits.

En 1737, les habitants établissent une requête mentionnant que la chapelle est trop ancienne, trop petite et capable de ne contenir que la moitié des fidèles.

Le 19 mai 1741, une lettre ordonne la fermeture des portes de la chapelle jugée d’un état ruineux jusqu’à ce que les paroissiens prennent les mesures par eux-mêmes en faisant établir des plans et devis pour la remise en état.

Lors de la période révolutionnaire, les constitutionnels du village se plaignent à nouveau que l’assemblée législative n’érige pas Montrond en paroisse indépendante. Un capucin constitutionnel est nommé vicaire en chef de Montrond en 1792.

En l’an IX, la chapelle est mise au service de la nation ; les laves sont gelées, le beffroi nécessite reconstruction, la cloche est détruite et l’intérieur de l’édifice est détérioré par des gouttières.

Le presbytère a fait l’objet d’une vente comme bien national.
En l’an XII, la communauté le loue afin d’héberger un prêtre constitutionnel nommé depuis l’an XI.

La situation reste inchangée mais l’église s’avère un fois de plus trop petite.

Un projet de construction d’un nouveau presbytère est établi en 1818 mais en 1819, il est question du rachat de l’ancien et de réparations de l’église ainsi que des fontaines.

Finalement, le chœur est reconstruit en 1835 mais les matériaux sont de très mauvaise qualité.

Dès 1840, les paroissiens se plaignent de la vétusté de leur lieu de culte mais aussi et de l’exiguïté de leur cimetière.

Les défectuosités de la voûte en 1846 précipitent les évènements.
Deux projets de construction sont proposés mais non retenus.
L’architecte Ducat, qui, ultérieurement construira la basilique Saint Ferjeux de Besançon, propose un 3e projet en 1858.

II – L’édification de l’église

Le cardinal archevêque rend visite aux villageois le 10 mai 1860 ; il constate que les vitraux sont irréguliers, juge que le sanctuaire gothique en hémicycle est de mauvais goût et que le clocher est construit en mauvaises pierres.

Sous la pression de cet ecclésiastique, le conseil municipal décide officiellement la reconstruction totale le 20 mai.

Pour subvenir au coût financier de cette opération, la commune vend 3.7 hectares de bois et a recours aux souscriptions des habitants.

Le nouveau sanctuaire est construit en retrait par rapport à l’ancien et son achèvement est prévu en 1863, à l’exception du clocher.

La flèche élancée, qui doit compléter l’édifice, œuvre de Ducat, est adjugée en 1874, mais dès 1875, la croix qui la surmonte est détériorée par les intempéries.

La flèche du clocher fut renversée par un violent orage le lundi 11 août 1958 vers 17h, jour de la foire mensuelle de Besançon, et ne sera jamais reconstruite.

Le cimetière actuel est aménagé en 1851 par l’architecte Painchaux.
Il sera agrandi en 1924 puis en 2001.

Plusieurs calvaires sont recensés au village, généralement érigés par des familles reconnaissantes entre 1840 et 1930.

La Vierge du château est érigée en 18557 et sera reconstruite au XXe siècle.

SPELEOLOGIE HISTORIQUE

I – La visite de cavités autrefois

La surface du plateau de Montrond est véritablement « éventrée » de cavités souterraines naturelles.

Autrefois considérées comme « des vestibules de l’enfer » par l’imagination populaire, ces abîmes entretinrent pendant des siècles des croyances et des craintes les plus diverses.

A Montrond, nous n’avons pas (encore) découvert de traces de l’homme préhistorique dans les grottes locales. Il semble que les cavités de la commune n’aient été réellement parcourues que depuis le XVIIIe siècle, voire le XIXe avec certitude.
Certaines de ces autres servirent sans doute, de tout temps, de refuge ou d’abris temporaires à des familles entières qui fuyaient la surface lors de conflits dévastateurs ou d’invasions sanglantes qui ont ravagé le pays durant tout l’ancien régime. Mais si naguère, l’homme cherchait un abri de fortune dans les grottes, ce ne fut certainement pas par curiosité scientifique mais bien par souci urgent de protéger sa vie.

Jusqu’au XIXe siècle, rares étaient les téméraires qui tentaient de s’aventurer dans ces endroits hostiles, parce que d’une part, les moyens matériels étaient insuffisants pour affronter ce milieu (éclairage inadapté, absence d’agrès…), et d’autre part, parce qu’on avait la hantise d’y rencontrer le diable ou d’autres créatures comme la Vouivre.

Au XIXe siècle, les habitants commencent à « visiter » les grottes, non plus pour s’y cacher mais pour les explorer.

La grotte des Cavottes est ornée, en plusieurs endroits et notamment dans la galerie de la trémie et la salle du chaos, d’environ 300 signatures rupestres de visiteurs, dont certaines sont parfois accompagnées d’une date, d’un âge ou d’un lieu d’origine.

Cette grotte a été durant tous le XIXe siècle et même encore au XXe, un « passage obligé » que bon nombre de jeunes Castelmontois se devaient de parcourir au moins un fois jusqu’à la salle du chaos et même jusqu’au « faux pas », limite d’une exploration sans agrès.

Aujourd’hui parcourue annuellement par près de 1000 spéléologues, cette cavité reste un « classique » à visiter impérativement … au moins une fois ! … et avec le spéléo-club local pour plus de sécurité.

II – Le puits de « la belle Louise » et sa légende

Ancienne complainte : « Dans la ville de Montrond,
En Bourgogne,
Il y avait une fille à marier. »

Le puits de La Belle Louise, situé non loin de la grotte des Cavottes et à quelques centaines de mètres en contrebas du château, fut ainsi désigné à raison d’un tragique évènement dont chacun au village pourrait narrer l’histoire.

Il existe plusieurs versions de la légende de la Belle Louise, tant orales qu’écrites et qui différent plus ou moins.

J’en donne ci-après une synthèse afin de ne perdre aucun élément. « Au temps où le majestueux château dominait le village, une jeune bergère appelée Louise, fiancée à un pauvre métayer qui la cherchait en mariage depuis longtemps, consentit, non sans désintéressement à une autre union avec un riche seigneur, alors que son fiancé était retenu prisonnier dans une contrée lointaine.

Après quelques temps, les noces eurent lieu en l’église de Villers et furent suivies d’un banquet où rien ne manquait.

La Belle Louise était devenue baronne mais en vain.

Vers minuit, la jeune mariée se dirigea vers la chambre nuptiale mais un bras vigoureux l’emmena au dehors sur un coursier rapide. Le diable en personne emportait la Belle Louise dans son sinistre royaume des ténèbres et la précipita dans les profondeurs de l’abîme pour la punir de son parjure.

C’était au cœur de l’hiver, la neige recouvrait le sol ; les traces de pas restèrent imprimées dans le sol et servirent à diriger les recherches le lendemain matin.

Le seigneur et ses gens arrivèrent devant le gouffre d’où émanait une forte odeur de mort. »

(NDLR: Selon les différentes versions, on aurait trouvé au bord du précipice, « une pantoufle abandonnée », « des débris de parure qui avait orné son cou », ou « quelques lambeaux de la robe de mariée qui étaient encore accrochées aux épines qui bordaient l’abîme »).

« Puis pour constater la mort de la malheureuse Louise, plusieurs villageois courageux descendirent dans le gouffre à l’aide de corde et rencontrèrent son cadavre gisant sur un banc de roches en saillie.

(NDLR : le puits d’entrée affiche une verticale de 46 mètres).

« Pour témoigner de leur macabre découverte, ils coupèrent l’un des doigts qui portait encore l’anneau du mariage. »

La date de cette histoire, devenue légende, nous est inconnue mais au vu des éléments contenus dans le récit, on peut supposer qu’elle a eu lieu (si elle a vraiment eu lieu) à la fin de l’époque médiévale (XIVe et XVe siècles) voire même peut-être postérieurement (XVIe ou XVIIe siècles).

Il faut cependant attendre le 22 janvier 1899 pour que la première exploration scientifique soit entreprise par un géologue, le professeur Eugène Fournier, qui avait alors recours à de la main d’œuvre locale pour l’expédition. Je vous recommande la lecture de ses récits passionnants.

La cavité fut ensuite parcourue par de nombreux spéléologues qui en dressèrent peu à peu la topographie.

Rappelons au passage que « la Belle Louise » ne fut pas la seule victime du puits d’entrée, fatal en cas de chute, mais que 2 autres spéléos y trouvèrent la mort respectivement en 1973 et 1983.

BIBLIOGRAPHIE

Documents issus des archives départementales du Doubs

Dictionnaire des communes du Doubs, tome 4 Annuaire du Doubs, 1826, p.113 et suivantes Dossier de références sur la commune de Montrond Blaser populaire de Franche-Comté, 1897, p.180 Documents inédits de l’académie de Besançon, 1876 Traditions populaires du Doubs, 1891, p.155 et 156 La seigneurie de Montrond au début du XVe siècle, Sacco O., 1977 Cadastre de la commune de Montrond Plan des bois de Montrond en 1743 Réquisition de guerre en 1815 et listes électorales Tableau des chemins vicinaux, 1837 – 1868 Construction de l’église et plans du clocher Liasse de parchemins médiévaux.

Documents non répertoriés aux Archives Départementales

Notice historique personnelle, Chanoine Dartois, 1851 Bulletins municipaux N° 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 & 8 Inventaire spéléologique du Doubs, tome 2 et 3 Cartes postales anciennes issues de collections privées Articles de presse divers, L’Est Républicain La ligne Besançon Amathay-Vésigneux, Chemin de fer du Doubs Archives personnelles diverses