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Il convient de savoir que jusqu’en 1674, le territoire de Montrond appartenait au Saint-Empire Romain Germanique et n’était donc pas une possession française.
La châtellenie de Montrond se forma sans doute au XIIe, voire au XIe siècle, suite à un démembrement de la seigneurie de Scey voisine.
Les premiers seigneurs de Montrond apparaissent dans un acte de 1154, aujourd’hui disparu, qui rappelait le partage des terres de Montrond entre Pierre III de Scey et son fils Richard, dit de Montbéliard. Pierre eut entre autres les terres de Maillot et Scey tandis que Richard reçut Montrond, Fertans et Cléron.
En 1231, Amédée de Neufchâtel, décide de faire fortifier la butte de Montrond (cf chapitre II Le château féodal). Le village existait déjà en contrebas.
D’autres lignées célèbres de seigneurs suivront : les Montfaucon-Montbéliard, les Vienne…
La période révolutionnaire, à Montrond comme ailleurs, éradique près de mille ans de féodalisme et supprime la condition seigneuriale et les privilèges qui y étaient liés.
Le château tombe partiellement en ruines (ou en tout cas il est démantelé militairement) après le passage des troupes françaises de Louis XIV en 1674.
Amédée de Neufchâtel, seigneur de Montrond, fait construire le château en 1231 avec l’aide de Pierre V de Scey, cité co-bâtisseur.
Assis sur une éminence plate de forme ovale, dominant d’environ 90 mètres la plaine qui l’entoure, le château est idéalement placé pour dominer la seigneurie de part et d’autre et contrôler la grande route qui traverse la plaine.
On ignore le temps qu’il a fallu aux hommes pour édifier cette orgueilleux monument mais on sait que malgré les travaux entrepris, l’archevêque Nicolas de l’Eglise Saint-Etienne de Besançon, exige l’interruption du chantier car le terrain en cause appartenait en partie aux chanoines du chapitre. Cependant, Amédée de Neufchâtel rend hommage au doyen de Saint-Etienne en 1233 et Pierre de Scey signe une donation en faveur de cette église en mentionnant ce qu’il lui doit pour la part qu’il possède du château.
Un terrier mentionne que la fortification comprenait « le chasteau et la maison forte dudit Montron, ensemble et vergier et ce qu’est enclos dans les murailles d’icelluy (…) » Des vignes furent plantées par la suite sur les coteaux du mont.
En 1356, le 18 octobre exactement, les écrits mentionnent qu’un tremblement de terre provoque l’effondrement d’une tour du château alors que l’épicentre se trouve… à Bâle !
En 1492, l’archiduc Maximilien d’Autriche, gendre de Charles le Téméraire, époux de Marie de Bourgogne et empereur de Germanie de 1493 à 1519, est invité à célébrer les fêtes de Noël au château. On ignore la raison de la venue de cet illustre personnage mais l’on sait qu’il amena avec lui 8 000 hommes, qu’il séjourna à Besançon le 21 décembre, passa les fêtes de la Nativité à Montrond, pour ensuite repartir sur Vercel et Saint Hippolyte.
La vaste et colossale demeure seigneuriale, qui dut atteindre son apogée architecturale et militaire à cette époque, fut détruite moins de deux cents ans après, lorsque la Franche-Comté fut annexée par la France. Louis XIV, profita de la décadence de l’Espagne pour engager une guerre qu’il remporta contre la province. Il fit abattre les murs de ce qui restait des 19 châteaux de la vallée de la Loue, exception faite du manoir de Cléron. Le castel de Montrond fut assiégé et démantelé en mai 1674. Celui-ci ne fut jamais reconstruit mais dut encore être habité un certain temps. En 1743, il y avait encore au château un fermier dénommé Pellot. On rapporte qu’il restait des endroits couverts de lauzes à la fin du XIXe siècle.
Vers 1910, on pouvait encore admirer « la grosse tour », haute d’environ 10 mètres (voir cartes postales anciennes). Vétuste, elle s’effondra durant une nuit de février 1935 et on dut par la suite en abattre les restes encore menaçants.
Le centre du château, composé d’une haute et d’une basse-cour, a disparu avec les siècles. Jadis transformé en prairies, il fut planté de conifères au début des années 70. Ces derniers furent abattus en 2012.
Aujourd’hui, le château est entré dans une phase active de consolidation et de nettoyage, ce qui permet de sauvegarder les murs encore en état. Une étude archéologique et une vue LIDAR ont été commandées pour permettre la sauvegarde du site. L’association API 25 œuvre à sa restauration. Une campagne de financement privé collectée par la fondation du patrimoine est en ligne. Voir sur https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/ruines-du-chateau-de-montrond-le-chateau
L’étang situé au bas du mont et couramment appelé « la digue » n’existait pas au moyen âge mais le terrain devait déjà être bien marécageux car les manants de Montrond étaient tenus de battre les marais environnants afin d’empêcher les grenouilles de coasser !
On ignore si un puits avait été foré dans l’enceinte du château, bien que cela paraisse fort improbable du fait de la géologie des lieux, mais on sait que le castel voisin de Scey était équipé d’un système de chéneaux en pierres chargés de la collecte des eaux de pluie qui étaient ensuite stockées dans des salles citernes. C’est ce système d’alimentation qu’avait sans doute dut retenir les bâtisseurs du XIIIe siècle qui permettait l’autonomie en eau du fort.
Des textes du XIXe siècle rapportent également la présence de souterrains. Cette hypothèse, propagée dans bien des lieux historiques anciens et propre à la pensée romantique de cette époque, reste très fantaisiste…
Les seigneurs de Montrond disposèrent pendant tout l’ancien régime de droits considérables sur leurs terres, tant sur le plan politique que militaire ou économique.
Voici quelques-uns de ces droits : droit de lever et d’imposer des taxes et de percevoir l’impôt selon les besoins du seigneur. Droit de corvée sur ses sujets : Il est dit que les manants de Montrond et de Mérey « étaient tenus et subiects de descomber annuellement trois pièces de prel (prés) » qu’ils devaient « le faulcher et fener par chascung an et conduire et charroyer le foing au dict chasteau quand il plait au seigneur » moyennant quoi, ils avaient droit de parcours après les récoltes des premiers fruits. Ils étaient également tenus de battre les marais environnants, de faire guet, d’assurer une garde au château et d’apparaître en revue en cas de conflit militaire. Un jugement de 1464 leur rappelle ce devoir militaire et les condamne à l’exécuter.
Ils disposaient des droits de haute, moyenne et basse justice ou l’un de ces pouvoirs seulement selon les périodes et les villages. La haute justice connaissait les crimes, la moyenne les affaires civiles et la basse les vols, délits et menus larcins.
Droit de propriété des forêts, du gibier, des essaims sauvages, des îles et alluvions.
Droit d’arrèglement et d’usurpation des communaux. Droit de mesure entraînant des amendes aux fraudeurs. En matière de justice, il y eut un temps où les jugements étaient définitifs, sauf exceptions.
Dans les derniers siècles de l’ancien régime, la justice était très respectée. En 1751, elle conservait le droit d’élever des fourches patibulaires (potences d’exécution) qui se plaçaient entre le chemin de Villers à Malbrans et celui de Mérey à Tarcenay. Une exécution eut encore lieu au XVIIIe siècle.
Les procès avaient lieu alternativement dans chacun des villages de la seigneurie pendant un an.
Durant la période révolutionnaire, il est rapporté que les officiers municipaux de Montrond multiplièrent les contrôles routiers et arrêtèrent des prêtres réfractaires et des religieux en infraction avec les lois.
Montrond forme une garde nationale qui participe en 1831, aux manifestations bisontines organisées lors de la venue du Roi Louis-Philippe. Cette unité comportait 26 gardes.
La présence humaine est attestée à Montrond depuis au moins 2 000 ans et le plateau semble avoir été habité depuis les temps les plus reculés.
Proche de la cité Gallo-romaine de Vesontio (actuellement Besançon, ex-capitale de la Séquanie), Montrond était déjà parcouru par le peuple romain puisqu’on a trouvé en 1840, une poterie datant de l’an 182 ou 183.
La découverte de tombeaux mérovingiens et de boucles de ceinturons de la même époque (musée des Beaux-Arts de Besançon) confirme la présence d’une civilisation antique sur le territoire.
Un fragment de vase du haut moyen âge (Ve–VIe siècles) a également été mis à jour.
Toutefois, il faudra attendre le XIe siècle pour voir apparaître Montrond dans les écrits, sans que l’on sache grand-chose de la vie des habitants sur le plateau avant cette date.
Les habitants de Montrond ont toujours vécu des produits de la forêt et de ceux procurés par la terre.
Les manants de Montrond payaient de multiples taxes et en particulier les cens (loyer de la terre), versé à la Saint Martin d’hiver (11 novembre) et à la Saint André (30 novembre) dans la cour du château. Souvent acquittées en nature, les redevances étaient aussi payables en espèces (1 livre = 20 sous = 240 deniers) En guise de présent, les habitants devaient offrir des fouaces (galettes) au seigneur le lendemain de Noël. Les autres impôts étaient prélevés à Pâques, à la Saint-Etienne d’août (le 3) et à Notre-Dame de septembre (le 8). Les achats immobiliers quant à eux, se réglaient parfois en florins.
Le commerce était sans doute d’un intérêt non négligeable car un grand chemin traverse alors la seigneurie et passe par Montrond. Il s’agit de la voie de Céry, bien visible sur les cartes du XVIIe siècle, qui relie alors Besançon à la Suisse en passant par Cléron. Ce chemine existe toujours.
En 1349, la population subit une épidémie de peste noire qui anéantit plus de la moitié des habitants.
Durant la guerre de dix ans, Montrond subit l’invasion et l’épidémie. Les troupes de Suédois du duc de Saxe-Weimar, à la solde de Louis XIII, ravagèrent la région.
Au début de l’année 1637, la cavalerie de Messire de Thoraise et sa majesté de Lorraine doivent être hébergées. La même année, la presque totalité du village est incendiée ainsi que les bestiaux, brûlés vifs sans que les villageois puissent intervenir. Pendant un certain temps, des hordes dévastatrices répandirent la terreur et l’effroi et les habitants durent se réfugier dans des grottes ou dans la forêt, inconnues de l’ennemi.
A la suite de ces évènements, on constate une effroyable dépopulation. Les villageois de Montrond estimés à 29 feux en 1614, retombent à 18 feux en 1657, un feu étant un foyer où vivaient ensemble des personnes sous le même toit.
A cette époque, la Franche-Comté est sous l’emprise Espagnole et le roi Louis XIV, profitant de la décadence de l’Espagne engage la guerre de Dévolution en 1667-1668. En deux semaines, la Franche-Comté fut conquise puis rendue aux Espagnols pour être une seconde fois reprise en 1678 lors de la guerre de Hollande. En mai 1674, le village de Montrond fut assiégé et le château détruit.
Le recensement de 1773 reflète un développement de l’élevage composé de 54 chevaux, 335 bovins et 146 ovins. Vingt charrues sont disponibles et ont permis la récolte de 2 muids de vin (env. 550 litres), provenant de 3 arpents de vigne, 1750 boisseaux de froment (env. 220 quintaux), 2000 d’avoine (250 quintaux), 350 d’orge (44 quintaux) et 300 de menus grains (37 quintaux).
Après 1789, Montrond devient une commune et ne subit plus la domination des seigneurs.
On établit les premiers plans cadastraux en 1825 ; le territoire communal comprend alors 1092 hectares dont 462 en forêt. Deux fontaines sont construites respectivement en 1827 et 1846.
Au cours de ce siècle, plusieurs incendies viennent perturber la quiétude du village et notamment en 1829 où 4 maisons sont détruites. En 1850, la commune acquiert une pompe à bras et l’année suivante, constitue un corps de 28 pompiers volontaires.
Deux feux de forêt cités en 1864 et 1880 dévastèrent respectivement 3 et 5 hectares de bois.
Une nouvelle pompe à bras, plus moderne que la précédente est achetée par la commune en 1899.
La croissance de l’élevage bovin nécessite la construction d’une fromagerie. En 1841, elle traite 110 000 litres de lait et produit 10 tonnes de comté. En 1856, c’est 15 tonnes de fromage qui sortent des locaux et 58 propriétaires sont associés dans son exploitation. Elle devient propriété communale de 1870 à 1978 et fera l’objet d’un bail avec la société de fromagerie.
Il semble que ce soit vers le milieu et la fin du XIXe siècle que Montrond atteint son apogée économique et démographique. Le patrimoine immobilier comprend en 1848, 70 immeubles dont la moitié construits en pierres et couverts de tuiles ou de laves et l’autre moitié bâtis en bois et couverts de bois.
Montrond n’est pas une terre de vignoble car on ne recense que 3 hectares de vignes sur les coteaux du mont en 1850. En revanche, 303 hectares de terres sont labourés et 379 sont en prairies artificielles.
Le cheptel se compose en 1858 de 140 vaches, 120 bœufs, 4 taureaux et 85 veaux dont 80 têtes sont vendues chaque année aux Flamands ou sur le marché d’Ornans.
Les professions de carrier et de tailleur de pierres se développent fortement à cette époque. D’autres activités sont également citées : cantonnier, tisserand, aubergiste et cordonnier.
En 1907, l’industriel Emile Laborie entreprend la construction d’une ligne de chemin de fer entre Besançon et Amathay-Vesigneux. Cette voie ferrée qui dessert Montrond, est placée un peu à l’écart du village. Une gare sert au chargement des marchandises et au transit des voyageurs. Ce service est inauguré le 6 août 1910, le service marchandises un mois plus tard. A l’ouverture de la ligne, Montrond (situé quasiment au milieu du tracé) est à 1 h 10 de Besançon, à 1 heure d’Amancey et à 10 minutes d’Epeugney.
Jusqu’en septembre 1951, date de fermeture de la ligne, « le tacot » était le seul moyen de transport collectif assurant un service aller et retour quotidien vers Besançon. Il a servi bien des habitants désireux de se rendre dans les communes des alentours, mais n’a pas pu résister au développement incessant du réseau routier et de l’automobile. Suivre son ancien tracé est toujours possible aujourd’hui bien qu’en certains endroits les vestiges de la voie ne soient guère carrossables.
En 1929, la fromagerie traite 6 fois plus de lait qu’au siècle dernier (+ de 680 000 litres) mais elle est déclarée vétuste et insalubre par les autorités académiques cas ses locaux jouxtent l’école.
D’autres activités sont connues : en 1921, on trouve deux restaurateurs cafetiers, un charron, un maréchal ferrant, puis en 1943, un cordonnier et un maçon.
L’électrification de la commune se fait dès 1909 puis en 1924, 1930, 1952 et 1953. L’adduction d’eau de la Haute Loue est effective en 1962.
De nouveaux incendies se déclarent en 1903, 1956 et 1958. En 1979, une motopompe renforce le matériel de la section locale de pompiers.
En 1985, la crise agricole et les départs à la retraite des exploitants réduisent leur nombre à 18, supprimant ainsi 9 cultivateurs en 5 ans.
Toujours en 1985, les services de proximité sont assurés par un médecin et un épicier cafetier. D’autres professions co-existent : un scieur de long, un plombier chauffagiste, un électricien, un transporteur, un récupérateur, un marchand forain et un luthier.
Le nombre d’habitants sur Montrond est inconnu avant 1593, date du premier recensement officiel de la population du village.
Jusqu’au XVIIIe siècle, le nombre d’individus vivant sous le même toit est exprimé en « feux » ; il est donc difficile d’en donner une équivalence en individus.
Durant 4 siècles, 17 recensements sont menés. Une baisse spectaculaire de la population est enregistrée en 1657 et 1688 en raison des troubles historiques du moment. Le nombre de personnes n’a ensuite cessé d’augmenter sauf entre 1790 et 1826 et entre 1926 et 1975 où deux nouvelles baisses sont notées.
Détail des recensements :
1593 : 32 feux, 179 habitants
1614 : 29 feux
1657 : 18 feux, 120 habitants
1688 : 21 feux, 77 habitants
1735 : 32 feux
1790 : 340 habitants
1826 : 327 habitants
1856 : 384 habitants
1876 : 340 habitants
1901 : 330 habitants
1926 : 334 habitants
1954 : 273 habitants
1975 : 279 habitants
1982 : 320 habitants
1999 : 477 habitants
2021 : 563 habitants
Pertes humaines subies au cours des deux dernières guerres mondiales :
1914 / 1918 : 16
1939 / 1945 : 4
Montrond s’est écrit différemment au cours des siècles :
Mons ratundus
Montron (1233 – 1294)
Montront (1480 – 1599)
Montrond (17e / 18e / 19e s.) Après avoir proposé la dénomination de Montrond-Saint-Georges, celle de MONTROND LE CHÂTEAU est adoptée par un décret du 22 février 1923.
Durant tout le moyen âge, la paroisse de Montrond ne fut jamais qu’une dépendance de la paroisse de Villers. Il semble donc que Villers détenait la juridiction spirituelle et religieuse de toute la seigneurie.
Les fidèles de Montrond se rendaient à pied chaque dimanche jusqu’à l’église de Villers pour assister aux offices. Le parcours était pénible et peu commode ; il fallait traverser les bois, les prés marécageux et le trajet prenait près d’une heure.
L’époque de la fondation d’une chapelle est imprécise. Il s’emblerait qu’en 1495, un accord fut passé entre le père Ryot et le village de Montrond, laissant ainsi supposer l’existence d’une chapelle.
Une lettre de Jacques Decreuse, curé natif de Villers, en fonction vers 1580, semblerait avoir permis l’édification d’une telle chapelle. Il se peut que ce dernier ait obtenu le soutien de Monseigneur Ferdinand de Rye, alors seigneur de Montrond, car celui-ci a permis la construction des églises de Malbrans et de Mérey.
Toutefois, celle-ci était relativement exiguë ; sa nef mesurait 27 pieds sur 18.75 (env. 9 mètres sur 6) et le chœur mesurait 18 pieds sur 16 (env. 6 mètres sur 5).
Elle est dépourvue de fonds baptismaux, de confessionnaux, de chaire et de vase d’onction.
On suppose qu’elle existait avant 1573 mais elle n’est citée dans les écrits qu’en 1615 sous le nom de « chapelle Saint-Georges ».
Durant la guerre de dix ans, l’église et la maison curiale furent incendiées, ce qui laisse croire que Montrond constituait une paroisse. Rien ne le confirme car en 1700, 4 villages dépendent encore de la paroisse de Villers.
Las de cette situation, les paroissiens demandent le démembrement.
En 1727, M. Roussel demande l’interdiction de l’accès à la chapelle parce que le chœur menace ruine et la voûte est ouverte en plusieurs endroits.
En 1737, les habitants établissent une requête mentionnant que la chapelle est trop ancienne, trop petite et capable de ne contenir que la moitié des fidèles.
Le 19 mai 1741, une lettre ordonne la fermeture des portes de la chapelle jugée d’un état ruineux jusqu’à ce que les paroissiens prennent les mesures par eux-mêmes en faisant établir des plans et devis pour la remise en état.
Lors de la période révolutionnaire, les constitutionnels du village se plaignent à nouveau que l’assemblée législative n’érige pas Montrond en paroisse indépendante. Un capucin constitutionnel est nommé vicaire en chef de Montrond en 1792.
Finalement, le chœur est reconstruit en 1835 mais les matériaux sont de très mauvaise qualité.
Dès 1840, les paroissiens se plaignent de la vétusté de leur lieu de culte mais aussi et de l’exiguïté de leur cimetière.
Les défectuosités de la voûte en 1846 précipitent les évènements. Deux projets de construction sont proposés mais non retenus. L’architecte Ducat, qui, ultérieurement construira la basilique Saint-Ferjeux de Besançon, propose un 3e projet en 1858.
Le cardinal archevêque rend visite aux villageois le 10 mai 1860 ; il constate que les vitraux sont irréguliers, juge que le sanctuaire gothique en hémicycle est de mauvais goût et que le clocher est construit en mauvaises pierres.
Sous la pression de cet ecclésiastique, le conseil municipal décide officiellement la reconstruction totale le 20 mai.
Pour subvenir au coût financier de cette opération, la commune vend 3,7 hectares de bois et a recours aux souscriptions des habitants.
Le nouveau sanctuaire est construit en retrait par rapport à l’ancien et son achèvement est prévu en 1863, à l’exception du clocher.
La flèche élancée, qui doit compléter l’édifice, œuvre de Ducat, est adjugée en 1874, mais dès 1875, la croix qui la surmonte est détériorée par les intempéries.
La flèche du clocher fut de nouveau renversée par un violent orage le lundi 11 août 1958 et ne sera jamais reconstruite.
La surface du plateau de Montrond est véritablement « éventrée » de cavités souterraines naturelles.
Autrefois considérées comme « des vestibules de l’enfer » par l’imagination populaire, ces abîmes entretinrent pendant des siècles des croyances et des craintes les plus diverses.
A Montrond, nous n’avons pas découvert de traces de l’homme préhistorique dans les grottes locales. Il semble que les cavités de la commune n’aient été réellement parcourues que depuis le XVIIIe siècle, voire le XIXe avec certitude. Certaines de ces antres servirent sans doute, de tout temps, de refuge ou d’abris temporaires à des familles entières qui fuyaient la surface lors de conflits dévastateurs ou d’invasions sanglantes qui ont ravagé le pays durant tout l’ancien régime. Mais si naguère, l’homme cherchait un abri de fortune dans les grottes, ce ne fut certainement pas par curiosité scientifique mais bien par souci urgent de protéger sa vie.
Jusqu’au XIXe siècle, rares étaient les téméraires qui tentaient de s’aventurer dans ces endroits hostiles, parce que d’une part, les moyens matériels étaient insuffisants pour affronter ce milieu (éclairage inadapté, absence d’agrès…), et d’autre part, parce qu’on avait la hantise d’y rencontrer le diable ou d’autres créatures comme la Vouivre.
Au XIXe siècle, les habitants commencent à « visiter » les grottes, non plus pour s’y cacher mais pour les explorer.
La grotte des Cavottes est ornée, en plusieurs endroits et notamment dans la galerie de la trémie et la salle du chaos, d’environ 300 signatures rupestres de visiteurs, dont certaines sont parfois accompagnées d’une date, d’un âge ou d’un lieu d’origine.
Cette grotte a été durant tous le XIXe siècle et même encore au XXe, un « passage obligé » que bon nombre de jeunes Castelmontois se devaient de parcourir au moins un fois jusqu’à la salle du chaos et même jusqu’au « faux pas », limite d’une exploration sans agrès.
Aujourd’hui parcourue annuellement par près de 1 000 spéléologues, cette cavité reste un « classique » à visiter impérativement … au moins une fois ! … et avec le spéléo-club local pour plus de sécurité.
Le puits de La Belle Louise, situé non loin de la grotte des Cavottes et à quelques centaines de mètres en contrebas du château, fut ainsi désigné à raison d’un tragique évènement dont chacun au village pourrait narrer l’histoire.
Il existe plusieurs versions de la légende de la Belle Louise, tant orales qu’écrites et qui différent plus ou moins.
J’en donne ci-après une synthèse afin de ne perdre aucun élément.
« Au temps où le majestueux château dominait le village, une jeune bergère appelée Louise, fiancée à un pauvre métayer qui la cherchait en mariage depuis longtemps, consentit, non sans désintéressement à une autre union avec un riche seigneur, alors que son fiancé était retenu prisonnier dans une contrée lointaine. Après quelques temps, les noces eurent lieu en l’église de Villers et furent suivies d’un banquet où rien ne manquait. La Belle Louise était devenue baronne mais en vain. Vers minuit, la jeune mariée se dirigea vers la chambre nuptiale mais un bras vigoureux l’emmena au dehors sur un coursier rapide. Le diable en personne emportait la Belle Louise dans son sinistre royaume des ténèbres et la précipita dans les profondeurs de l’abîme pour la punir de son parjure. C’était au cœur de l’hiver, la neige recouvrait le sol ; les traces de pas restèrent imprimées dans le sol et servirent à diriger les recherches le lendemain matin. Le seigneur et ses gens arrivèrent devant le gouffre d’où émanait une forte odeur de mort. » (NDLR : Selon les différentes versions, on aurait trouvé au bord du précipice, « une pantoufle abandonnée », « des débris de parure qui avait orné son cou », ou « quelques lambeaux de la robe de mariée qui étaient encore accrochées aux épines qui bordaient l’abîme »). Puis pour constater la mort de la malheureuse Louise, plusieurs villageois courageux descendirent dans le gouffre à l’aide de corde et rencontrèrent son cadavre gisant sur un banc de roches en saillie. (NDLR : le puits d’entrée affiche une verticale de 46 mètres). « Pour témoigner de leur macabre découverte, ils coupèrent l’un des doigts qui portait encore l’anneau du mariage. »
Il faudra attendre le 22 janvier 1899 pour que la première exploration scientifique soit entreprise par un géologue, le professeur Eugène Fournier, qui avait alors recours à de la main d’œuvre locale pour l’expédition.
La cavité fut ensuite parcourue par de nombreux spéléologues qui en dressèrent peu à peu la topographie.
Rappelons au passage que « la Belle Louise » ne fut pas la seule victime du puits d’entrée, fatal en cas de chute, mais que 2 autres spéléos y trouvèrent la mort respectivement en 1973 et 1983.
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Dernière mise à jour de cette page : août 2024 / © Hervé PERTON